Journée internationale contre l’homophobie – 17 mai

Tout le monde a déjà entendu l’histoire du jeune homosexuel ou de la jeune lesbienne qui quitte son petit village pour déménager à la ville dans l’espoir d’échapper aux préjugés des gens étroits d’esprit. Je l’ai moi-même vécu. L’homophobie faisait partie de ma vie quotidienne — comme manger, dormir et promener le chien. Imaginez-vous vivre dans la peur constante d’être démasqué, une peur qui imprègne chacune de vos activités. Personne ne connaissait mon secret — à l’exception de tous les garçons de mon école secondaire qui se délectaient de ma peur comme des chiens affamés.

Quand j’étais en dixième année, le fils d’un riche commerçant de mon village m’a fait une prise de tête en m’ordonnant de lui dire que je l’aimais. Plusieurs de ses amis étaient présents quand je lui ai avoué mon amour. Je ne suis pas certain que cet amour était réciproque. Un de mes amis a également assisté à la scène. Prononcer ces mots était humiliant parce que je révélais qui j’étais — un garçon qui aimait d’autres garçons. Il y avait aussi un autre garçon de mon école qui m’appelait « Klinger »; il faisait référence à un personnage de l’émission de télé Mash qui portait des vêtements de femmes afin d’être réformé pour des raisons psychiatriques. Ce garçon était mon ami. Je ne lui ai jamais dit à quel point il m’avait fait de la peine en m’appelant ainsi. Nous ne sommes plus amis, et je ne lui ai jamais dit pourquoi.

Après avoir terminé mes études secondaires en 1985, je suis déménagé à Vancouver et je n’ai jamais regardé en arrière. J’étais libre de me réinventer. J’ai laissé tomber mes grands gestes extravagants et j’ai cessé d’exprimer ma joie de façon exubérante comme je le faisais au secondaire. J’ai perdu une partie de moi à cause de l’homophobie.

Je sais que mon histoire semble un peu vieillotte. De nos jours, bien des jeunes affirment leur identité sexuelle dès le secondaire. Cependant, cette peur des gais et des lesbiennes est encore présente dans les religions et au sein de nos gouvernements et institutions. Bon nombre de lieux de travail sont sécuritaires, mais certains ne le sont pas. Je pense qu’il y a encore un grand nombre de personnes comme mon ancien ami — le surnom qu’il m’avait donné avait créé chez moi un sentiment d’insécurité et de danger. Il ne savait pas comment réagir ou quoi faire face à la différence.

Nous devons tous savoir ce qu’est l’homophobie et comment lutter contre cette plaie. Elle peut se présenter de façon très directe, mais elle peut également être subtile… D’une façon ou d’une autre, ça fait mal.

–          Rodney Hynes

Rodney Hynes est le représentant national de l’équité pour les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres.


L’homophobie peut prendre de nombreuses formes. Pour en savoir davantage sur les diverses manifestations de l’homophobie, cliquez sur le lien suivant qui vous dirigera vers le site Web de la Fondation Émergence.

Êtes-vous un allié? Le Congrès du travail du Canada a créé un guide pour les alliés, qui répond à de nombreuses questions liées aux problèmes qui touchent les GLBT.