Réflexions sur la Journée nationale des peuples autochtones

Par Lenora Maracle

Nous avons vu la réaction publique à l’injustice raciale et à la brutalité policière; nous devons reconnaître notre propre passé de colonialisme et les injustices qui ont eu lieu hier et qui ont lieu encore aujourd’hui. Des gens de toutes les collectivités du pays endurent une forme ou une autre de discrimination.

J’aimerais reconnaître toutes celles et ceux qui subissent les effets du racisme et toutes celles et ceux qui leur tendent la main. Nous sommes trop nombreuses et nombreux à éprouver de la souffrance et de la colère; les événements d’aujourd’hui ne peuvent laisser personne indifférent.

Je soutiens fermement les personnes noires, les Autochtones et les gens de couleur, la communauté LGBTQ2S+ ainsi que les personnes vivant avec un handicap ou toute forme de limitation. Je participerai à la lutte contre le racisme, l’oppression et la marginalisation.

Il a un an ce mois-ci était publié le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Nous honorons la mémoire des filles, des mères, des grand-mères, des tantes qui nous ont été enlevées, sans oublier les membres de la communauté LGBTQ2S+, et nous pensons aussi à celles et ceux qui restent, aux familles et aux collectivités dont la vie a irrémédiablement basculé.

La colonisation laisse sa marque sur les peuples autochtones, mais cette marque est souvent invisible aux yeux des Candiennes et Canadiens.

Il nous faut aujourd’hui expliquer tout cela à la société dans son ensemble, lui faire comprendre que les taux élevés de suicide et de toxicomanie découlent de traumatismes qui remontent à plusieurs générations déjà. Il faut aussi lui montrer que les langues, les cultures et les rituels autochtones existent encore, malgré ces traumatismes historiques.

Nous sommes un peuple résilient. La résilience, c’est cette force intérieure qui aide les gens à reprendre pied et à poursuivre leur chemin dans l’adversité. L’identité, les terres, la culture et l’histoire autochtones sont l’illustration même de la résilience.

La résilience est au cœur des collectivités autochtones.

Les Autochtones doivent se réapproprier leur culture traditionnelle, se définir de nouveau comme un peuple indissociable de son territoire et réaffirmer leur identité distincte. C’est cela, la décolonisation.

Nous devons aussi guérir de nos blessures. Pour cela, nous devrons apprendre à apprendre et entamer un voyage vers le bien-être, ce qui suppose de prendre soin de nous. Nous devons comprendre les forces de l’histoire qui ont façonné notre mode de vie actuel. Nous devons découvrir, nommer et transmettre le savoir, les valeurs et les modes de connaissance autochtones, tout en intégrant certaines façons de faire occidentales. Pour relever les défis de la société d’aujourd’hui, il nous faut appliquer et adapter le savoir, les valeurs et les modes de connaissance à la fois autochtones et occidentaux.

En langue mohawk, « Kanaronkwa » signifie « amour », c’est-à-dire un sentiment d’intense affection et de compassion pour autrui. C’est ce sentiment que j’éprouve pour mes frères et sœurs autochtones.

Onen

 

Lenora Maracle est représentante nationale de l’équité pour les peuples autochtones du SEN.