La discrimination raciale : un poison mortel

Par Ralph Daguilh

Bonjour chères militantes et chers militants!

Aujourd’hui, le 21 mars, est la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. Ces derniers jours, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ce que le 21 mars signifie pour les personnes racialisées. J’ai réfléchi aux commentaires et aux politiques xénophobes du président des États-Unis. J’ai songé à la discrimination et à la sous-évaluation dont ont fait l’objet les joueurs de soccer franco-africains lors de la Coupe du monde de l’an dernier. J’ai même réfléchi aux réactions défavorables qu’a reçues Naomi Osaka lorsqu’elle a vaincu Serena Williams – quoi qu’il en soit, ma liste est interminable…

La discrimination raciale est très présente dans nos collectivités et nos milieux de travail. Je suis frustré par le fait que la discrimination raciale soit très subtile et ne puisse pas toujours être prouvée. Les victimes souffrent en silence! La discrimination raciale détruit le bien-être de la victime et donne des pouvoirs à l’agresseur; c’est un tueur silencieux qui peut avoir des conséquences à long terme sur la victime et son entourage.

En 2014, c’est avec douleur et tristesse que j’ai vu mon cher ami, John, une personne racialisée, être victime de discrimination raciale. Peu après avoir commencé à travailler dans son service, il était bien formé pour l’emploi. John avait réussi à obtenir un poste à l’issue d’un concours; par conséquent, il aurait dû obtenir l’emploi. Étonnamment, cela ne s’est jamais produit. Le poste a été attribué à une autre personne et John n’a reçu aucune explication valable! Notre section locale est intervenue, mais sans succès : la direction avait déjà pris sa décision. John a déposé un grief, mais il a perdu. On disait : « rien ne prouve qu’il a fait l’objet de discrimination raciale ». J’en suis toujours consterné aujourd’hui! Mon ami s’est-il vu refuser l’emploi en raison de la couleur de sa peau, de son accent ou de sa religion? Même si l’affaire s’est produite il y a un certain temps, je pense toujours aux conséquences émotionnelles que toute la situation a eues sur John, sa famille et ses amis. John doit occuper deux emplois pour subvenir aux besoins de sa famille. Par conséquent, il a non seulement moins de temps à consacrer à sa famille, mais il doit aussi partager son énergie et ses compétences entre deux emplois. C’est très blessant d’être victime de discrimination – je suis sûr que mon ami John n’est pas le seul à en faire l’expérience.

Le pire, c’est que les victimes de discrimination doivent encore trouver le courage et l’énergie, cinq jours par semaine, pour sourire devant leurs collègues et continuer de fournir un service de la plus grande qualité qui soit.

La discrimination raciale est un poison : elle rabaisse les personnes, perpétue les inégalités, nourrit la colère, la haine, l’amertume et la violence. Elle peut aussi entraîner toutes sortes de maladies et de problèmes de santé mentale.

Quant à mon ami, après avoir attendu patiemment pendant cinq ans qu’une occasion se présente dans son service, il a décidé de s’en créer une. Lentement, mais sûrement, il a suivi des cours en ligne pour se perfectionner et parfaire son éducation. Aujourd’hui, il détient son diplôme et plus encore!

Toutefois, ce n’est pas le meilleur moyen de lutter contre la discrimination raciale; mon ami a choisi cette avenue, parce qu’il a une très jeune famille à nourrir et une hypothèque à payer. Si vous faites face à de la discrimination raciale, gardez le cap, puisez des forces auprès de votre famille, de vos ami.es et de vos allié.es et ripostez!

Je sais que, ensemble, nous pouvons le faire! La voie à suivre pour remporter une bataille contre la discrimination raciale n’est pas facile : c’est comme escalader une grande montagne; le sommet semble inatteignable. Toutefois, n’abandonnez, ne cédez et ne vous taisez jamais!

Les études révèlent que les personnes racialisées sont embauchées à des postes de niveau d’entrée, et ce, malgré leurs qualifications et leurs études; 80 % d’entre elles restent à ce niveau d’entrée jusqu’à leur retraite. Elles sont sous-utilisées. Les membres racialisé.e.s représentent des chiffres ou des quotas que l’employeur doit atteindre.

Mes ami.e.s, la discrimination raciale ne va pas disparaître du jour au lendemain. À mon avis, on devrait parler tous les jours de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. La lutte contre le racisme et toutes les formes de discrimination est un pilier de la paix et de la cohésion sociale, particulièrement dans nos collectivités et nos milieux de travail de plus en plus diversifiés. Apprenons à vivre et à travailler ensemble!

Ralph Daguilh
Suppléant à la représentante nationale de l’équité pour les membres de minorités visibles du SEN

Sources:
http://www.un.org/fr/events/racialdiscriminationday/background.shtml

(en anglais seulement) https://gryphlife.uoguelph.ca/event/87491

https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000247565