Jour du Souvenir Trans

Jour du Souvenir Trans

À l’approche du 20 novembre, la Journée du Souvenir Trans, j’aimerais lancer un défi à mes confrères et consœurs du syndicat.

Si vous désirez réellement vous souvenir de nos confrères et consœurs décédés et leur rendre hommage, soutenez notre combat pour atteindre l’équité des droits de la personne dans notre pays. Ils et elles ont perdu la vie en raison de la violence, de l’étroitesse d’esprit, de la haine et de la négligence de la société.

La plupart d’entre vous comprennent ce que sont la violence, l’étroitesse d’esprit et la haine. Mais comprenez-vous ce qu’est la négligence de la société? C’est une forme d’indifférence qui nous fait dire « mes droits sont respectés, alors c’est quoi le problème? » Vous a-t-on déjà dit que vous ne pouviez utiliser les mêmes toilettes que les gens de votre sexe ou vous a-t-on déjà demandé d’en sortir parce que vous n’aviez rien à faire là? A-t-on déjà refusé de vous louer un logement ou avez-vous déjà été renvoyé parce que vous étiez vous-même?

C’est la réalité quotidienne d’un grand nombre de personnes autour de moi. Une partie de la société souhaiterait m’interdire d’utiliser les toilettes publiques appropriées à mon sexe. Certaines personnes diraient que c’est normal que je me voie refuser un logement ou du travail en raison de ma façon d’être dès ma naissance.

Il y a aussi ceux qui prennent des mesures plus directes parce que, d’une façon ou d’une autre, je porte préjudice à ce qu’ils jugent « juste » ou « normal » ou même « acceptable ». Ce sont les gens qui battent, mutilent ou tuent mes frères et mes sœurs — et qui pourraient me faire la même chose.

Je n’aime pas avoir à vivre ma vie dans un état d’alerte constant, et de toujours devoir évaluer la menace que présentent les autres pour moi. Je n’aime pas avoir toujours besoin de noter mentalement l’endroit où sont situées les issues de secours et les voies d’évacuation. Or, pour moi et les personnes comme moi, c’est la réalité quotidienne.

C’est notre réalité parce que nous nous voyons refuser des droits accordés à d’autres — des droits fondamentaux auxquels vous ne pensez même pas. Pour bien des gens, nous ne sommes pas vraiment humains et nous ne méritons pas de jouir des mêmes droits que les autres.

Je suis ici pour vous dire que nous sommes aussi humains que vous. Je suis ici pour vous dire que j’ai autant de valeur que tous ceux qui m’entourent. Si je ne cadre pas avec les notions préconçues de certaines personnes sur la nature binaire des sexes, cela ne signifie pas que je mérite de mourir, d’être battu ou mutilée. Je ne mérite pas qu’on me crache dessus ou qu’on me maltraite.

Le mouvement ouvrier s’est toujours battu pour l’équité et l’égalité de tous ses membres. C’était au centre de presque tous les grands combats pour faire progresser les droits des travailleurs. Dans de nombreux cas, ces avancées se sont reflétées dans la loi peu de temps après. De plus, ces progrès ont aidé à modeler les lois relatives aux droits de la personne dans de nombreuses administrations.

Selon moi, il s’agit d’un principe essentiel du syndicalisme. Il n’est pas différent de la lutte visant à permettre aux femmes de travailler ou celles portant sur l’équité salariale.

Il faut rechercher l’équité et l’égalité pour tous. C’est la bonne chose à faire.

Voici le défi que je vous lance :

  1. Faites-en une revendication centrale de la prochaine ronde de négociations avec l’employeur et ne laissez pas ce point être mis de côté.
  2. Parlez à vos consœurs et confrères du syndicat, aux niveaux local et national, et dites-leur de se tenir debout et de faire ce qui est juste.
  3. Téléphonez ou écrivez à votre députée ou député et dites-lui qu’il s’agit d’un enjeu important. Demandez-lui d’appuyer la réintroduction du projet de loi qui protège clairement ces droits dans la Loi canadienne sur les droits de la personne.

Il ne faut pas se demander : « Pourquoi devrions-nous le faire? », mais plutôt : « Pourquoi ne le ferions-nous pas? »

Nous savons tous que c’est ce qu’il faut faire. Maintenant, agissons.

Kate Hart
Représantante aux droits de la personne
Section locale 30095
Syndicat des employées et employés nationaux