Une invitée d’honneur

Une invitée d'honneur

À la veille de la vigile annuelle en mémoire des femmes autochtones disparues ou assassinées Susan Martin avait promis d’amener une invitée d’honneur. Hier, elle s’est présentée sur les marches de la Colline du Parlement en tenant entre les mains l’urne contenant les cendres de sa fille.

Mme Martin fait partie des Familles des sœurs par l’esprit, organisme communautaire dirigé par les familles de femmes autochtones disparues ou assassinées.

« C’est la dernière fois aujourd’hui que j’ai la possibilité d’être en contact avec les restes de mon enfant », a-t-elle déclaré aux personnes qui s’étaient regroupées, hier, dans le cadre de la sixième veille annuelle, pour réclamer justice au nom de leurs chères disparues.

Il y a neuf ans, la fille de Susan Martin, Terrie Ann Dauphinais, qui était âgée de 24 ans, a été assassinée à son domicile de Calgary. Le meurtre n’est toujours pas résolu.

C’est avec l’aide des Familles des sœurs par l’esprit, dans le cadre des vigiles que l’organisme tient chaque année, que Mme Martin a commencé à parler publiquement de sa fille. Cette année, elle a invité tous ceux qui soutiennent sa cause à participer à une cérémonie sacrée sur l’île de Victoria. L’Aînée Annie Smith-St-Georges, de la première nation algonquine Kitigan Zibi, préparera l’urne à sa mise en terre en la scellant dans une boîte en cèdre.

« Je parle au nom des victimes, des mères qui n’ont pas pu encore se faire entendre », explique-t-elle. « Ce n’est pas une tâche facile, et je le fais au nom de tous, car nous formons une famille.

Les Familles des sœurs par l’esprit ont dressé la liste de plus de 500 femmes autochtones qui sont disparues ou ont été assassinées. Selon un rapport produit en 2009 par Statistique Canada, les femmes autochtones sont près de trois fois plus nombreuses que les femmes non autochtones à se dire victime d’un crime violent. Comme toutes les personnes touchées par ces tragédies, Mme Martin estime que le gouvernement fédéral devrait en faire plus.

« Je suis remplie de colère quand nous devons accueillir un nouveau membre, car personne ne devrait vivre ce que nous vivons. Pourtant, il me semble que notre message n’est jamais entendu. »

Mme Martin et d’autres membres du groupe ont rencontré les députées et députés, lundi, pour les mettre au courant de leur expérience.

« Lorsque les députés rencontrent les membres des familles, ils ne les oublient pas », explique Jennifer Lord, de l’Association des femmes autochtones du Canada. « Pour les familles, c’est un lien auquel elles peuvent se raccrocher. »

Cependant, aucun membre du parti conservateur ne s’est présenté à cette réunion, déclare Kristen Gilchrist, membre bénévole des Familles des sœurs par l’esprit.

Irkar Beljaars, bénévole qui a participé à l’organisation d’une vigile semblable à Montréal, a demandé au gouvernement de mettre sur pied un groupe de travail national responsable de la question des femmes autochtones disparues ou assassinées. « Il faut que le gouvernement se regarde dans le miroir et qu’il voit ce qui est bien et ce qui est mal, affirme-t-il. Les avions de combat et les prisons, c’est mal. Prendre soin des femmes de notre pays, c’est bien. »

Susan Martin est tout aussi résolue. « Je vais lâcher prise », dit-elle en tenant pour la dernière fois entre ses mains l’urne renfermant les cendres de sa fille. « Mais je vais rester positive. Je vais continuer à me battre pour la justice. Je vais continuer mon travail afin d’empêcher que d’autres mères et d’autres parents n’aient à éprouver ce que j’éprouve. »

Ce que vous pouvez faire:
Écrivez à Stephen Harper et votre députée ou député à la Chambre des communes. Dites-leur que les femmes autochtones sont aimées et appréciées. Exigez la mise à pied d’un groupe de travail national responsable de la question des femmes autochtones disparues ou assassinées.

Suivez les Familles des sœurs par l’esprit sur Facebook. Vous pouvez rester à l’affut au sujet des femmes portées disparues. Ainsi, vous pouvez aider à retrouver ces personnes et de les ramener chez elles saines et sauves.

FlickR Il y a plusieurs autres photos de la commémoration. Veuillez consulter le site Flickr du Syndicat des employées employés nationaux.