Journée internationale des personnes handicapées – Le 3 déc.

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par Michael Freeman

En tant que personne handicapée, les problèmes auxquels j’ai fait face n’ont pas toujours été des problèmes d’ordre physique; certains des plus importants étaient liés à mon état d’esprit.

 

À Ottawa, pour assister à l’une des dernières réunions du Comité des droits de la personne, j’ai été confronté à l’une des plus grandes peurs de ma vie. J’en étais presque paralysé, mais personne ne pouvait voir qu’il y avait un problème… jusqu’à ce que je décide enfin d’en parler.

 

Pourquoi dois-je cacher mes craintes derrière ma bonne humeur? Pourquoi ai-je l’impression d’être seul dans mes pensées et incapable de dire la vérité au sujet de ce que je ressens?

 

Ma maladie dégénérative physique m’entraîne doucement vers un endroit où je me sens, parfois, impuissant et désespéré, ce qui me force à accepter le fait que je n’y peux rien.

 

Alors même que j’écris ces mots, j’hésite à raconter mon histoire par crainte d’être confronté à mon défi monumental, c’est-à-dire d’être rejeté comme futile.

 

Après une longue journée de réunions, les membres du Comité et moi étions dans le hall de l’hôtel et discutions d’aller souper à quatre coins de rue d’où je me tenais. J’ai commencé à m’imaginer des excuses pour ne pas y aller. Je n’allais pas appeler un taxi pour une distance que je marchais avec une certaine facilité auparavant. J’ai dit à tout le monde que j’étais trop fatigué pour y aller – que j’allais simplement retourner à ma chambre et me commander un repas. Un des membres du Comité m’a proposé d’utiliser un fauteuil roulant, et on m’a dit qu’on allait me pousser jusqu’au restaurant.

 

Et voilà! Mes peurs devenaient réalité. J’avais maintenant besoin d’aide – une aide mécanique – pour faire quelque chose que je faisais naguère avec une certaine facilité.

 

Le fauteuil roulant était devant moi. J’avais une décision difficile et traumatisante à prendre : manger dans ma chambre, seul, encore une fois, ou ravaler ma fierté et tout ce qui m’empêchait d’accepter l’aide qu’on m’offrait.

 

D’après ce que j’ai cru comprendre, c’était le début d’une pente très glissante. Je ne pouvais plus revenir en arrière.

 

En réalité, j’ai utilisé des appareils et accessoires fonctionnels toute ma vie, et je ne les avais jamais vus sous cet angle. Je ne sais pas pourquoi c’était difficile pour moi d’utiliser le fauteuil roulant, mais ce l’était. J’avais un véritable blocage mental qui provoquait du stress, de l’affolement et des émotions négatives. J’ai été surpris de constater que presque tout ça a disparu dès que je me suis assis dans le fauteuil.

Le stress mental causé par mon handicap a été un fardeau pendant de nombreuses années. Je suis passé d’un enfant plutôt heureux à un adolescent en colère et confus à un adulte qui a tendance à s’isoler et à se surprotéger. Le stress mental avait presque pris le dessus au moment où j’ai écrit le poème « Prison que je n’ai pas choisie ».

Prison que je n’ai pas choisie
Par Michael Patrick Freeman

Me voilà, assis
Enfin seul
Mes pensées m’appartiennent
J’en suis l’unique auteur.

 

Personne ne veut connaître les rouages de l’esprit
Ni l’objet de ses pensées
Lorsque cet esprit est celui d’un homme
D’un homme comme moi
Seul, enfin.

 

Me voilà, assis
À attendre
À désirer
À chercher une solution
Pour quitter cette prison que je n’ai pas choisie.

Les choses ont changé pour moi; je me sens moins isolé. Je participe aux activités qui m’intéressent et qui me permettent de me dépasser. Je me surprotège moins parce que j’ai commencé à parler du fardeau que je porte avec ceux qui veulent bien m’écouter. Je comprends le monde dans lequel nous vivons uniquement en raison de la façon dont j’ai géré mon handicap, à la fois sur les plans physique et mental.

Raconter nos histoires personnelles aux autres nous permet de guérir en tant qu’individu. Racontez-nous la vôtre aujourd’hui.

Le 3 décembre est la Journée internationale des personnes handicapées; si vous souhaitez raconter une histoire personnelle, veuillez laisser un commentaire ci-dessous.

Micheal Freeman est représentant national de l’équité pour les personnes handicapées du Syndicat des employées et employés nationaux. Cet article a été rédigé dans le cadre du programme de journalisme syndical du SEN. Si vous désirez en apprendre davantage, cliquez ici – si vous souhaitez proposer un article ou si vous avez des questions, veuillez envoyer un courriel à communications@une-sen.org.