Le plan de M. Harper et ses répercussions

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Nous savions que ce jour arriverait : hier, le gouvernement a déposé une proposition visant à ramener nos congés de maladie à cinq jours par an. Et inutile d’espérer les accumuler (dans le cas peu probable où vous ne les auriez pas tous utilisés!).

« Au lieu de promouvoir un milieu de travail sain, le gouvernement fait une fois de plus preuve de mépris à l’égard de ses employés et des services publics en général », a déclaré la présidente nationale de l’AFPC, Robyn Benson.

D’un point de vue strictement politique, cette proposition est le fruit de l’idéologie et non d’une prise de décision éclairée.

Tout d’abord, comme nous l’avons déjà mentionné, l’utilisation des congés de maladie par les fonctionnaires est comparable à celle du secteur privé. Le bureau parlementaire du budget a récemment rapporté que nous utilisons en moyenne 11,52 jours de congé de maladie par an, alors que nos homologues du secteur privé en utilisent en moyenne 11,3 jours au cours de la même période.

Les congés de maladie sont également très importants du point de vue de la santé. Pour preuve, il suffit de se rappeler la frayeur provoquée par la grippe H1N1 en 2009. Xenia Scheil-Adlung et Lydia Sandner, de l’Organisation mondiale de la Santé, ont présenté les statistiques alarmantes suivantes dans leur document d’information sur les congés de maladie, paru en 2010.

« En 2009, lorsque la crise économique et la pandémie de grippe H1N1 se sont produites en même temps, un nombre alarmant d’employés n’ayant pas la possibilité de prendre des congés de maladie se sont présentés au travail tout en étant malades. Ce problème a entraîné la propagation du virus H1N1 dans les milieux de travail et causé l’infection de quelque sept millions de travailleurs aux États-Unis seulement. […] Les recherches ont démontré que la crainte de perdre son emploi, les restructurations, la réduction des effectifs et les soucis financiers entraînent la présence dangereuse et coûteuse de personnes malades au travail. »

Ce même rapport indique que le fait de travailler tout en étant malade réduit la productivité : « une diminution jusqu’à trois fois plus élevée que la perte de productivité due à une absence en cas de maladie ».

Le fait de réduire les congés de maladie conduirait vraisemblablement à un degré élevé de présentéisme : venir au travail tout en étant malade. Le présentéisme est favorisé par d’autres facteurs, tels qu’une charge de travail plus importante et des préoccupations touchant la sécurité d’emploi en raison de la réduction des effectifs et des restructurations, des situations tout à fait courantes en cette époque de licenciements dans la fonction publique.

Au final, même le sentiment de culpabilité de ne pas être au travail contribue au présentéisme. Lorsque les employés ont accès à des congés de maladie, 28 % d’entre eux se présentent au travail lorsqu’ils sont malades. Sans congés de maladie, ce chiffre grimpe à 48 %.

Une autre étude, dirigée l’année dernière par les chercheurs de l’Université de Pittsburgh, a découvert que dans 11,54 % des cas, la transmission de l’influenza se faisait au travail. Le présentéisme était responsable de 72 % de la propagation du virus.

Selon cette étude, l’accès aux congés de maladie a permis de réduire le taux de transmission de 5,86 % (rappelons-nous que même les Américains ayant accès aux congés de maladie en ont très peu). Lorsque les chercheurs ont ajouté un ou deux jours supplémentaires, appelés « jours de grippe », davantage d’employés sont restés chez eux. Le taux de transmission a diminué de 25,33 % dans les milieux de travail grâce à une journée de congé pour cause de grippe, et de 39,22 % lorsque deux jours de grippe étaient accordés.

Outre le fait d’offrir aux virus un espace de reproduction plus important, le présentéisme présente un risque de vie ou de mort pour les personnes dont les systèmes immunitaires sont affaiblis, notamment les femmes enceintes, qui risquent de transmettre de plus graves problèmes de santé à leur nourrisson.

Il n’est toutefois pas nécessaire d’avoir un système immunitaire affaibli pour souffrir des conséquences du présentéisme.

Le National Institute for Occupational Safety and Health des États-Unis a également découvert que le risque de blessure sur le lieu de travail était réduit de 28 % pour les employés ayant accès aux congés de maladie.

L’étude a conclu que « le fait d’étendre les programmes de congés de maladie pourrait aider les entreprises à réduire l’incidence des blessures non mortelles survenant au travail ».

Il faut donc admettre que tout s’oppose au plan de Stephen Harper, qui consiste à inciter les personnes malades à se rendre au travail. Mais une fois encore, le gouvernement Harper ne s’arrête pas aux « faits » ni à la « science ».

Les congés de maladie sont extrêmement importants. Montrons à notre équipe de négociation notre solidarité!