Mois du patrimoine asiatique

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L’an passé, dans un article sur le mois du patrimoine asiatique, nous avions porté notre regard sur les difficultés éprouvées par les immigrants d’origine chinoise pendant la période entre la Confédération et le début des années 1920. Cependant, l’élimination de la taxe d’entrée imposée aux immigrants chinois n’était pas la fin des politiques discriminatoires.

Des citoyens japonais ont commencé à immigrer au Canada vers 1870 dans l’espoir d’y trouver une vie meilleure. Tout comme les immigrants chinois, ils ont dû composer avec des attitudes hostiles à l’égard des asiatiques en Colombie-Britannique.

Ces attitudes sont devenues plus fermes durant la Seconde Guerre mondiale. À la suite de l’attaque japonaise contre Pearl Harbor le 7 décembre 1941, le premier ministre W. L. Mackenzie King a déclaré la guerre à l’Empire du Japon.

Quelques jours plus tard, 1 975 soldats canadiens se sont rendus aux forces nippones au cours de la bataille de Hong Kong. Des informations à propos de ces prisonniers de guerre faisant état de meurtres, de cruauté et de famine ont « fait croître la peur et la haine des Canadiens à l’endroit de leurs voisins d’origine japonaise.1 »

[Traduction]

Des quelque 23 000 [immigrants japonais] établis au Canada à l’époque, plus de 75 % possédaient la citoyenneté canadienne. Ils ont tous été désignés comme sujets d’un pays ennemi en vertu d’un règlement gouvernemental.2

Peu de temps après, le gouvernement a forcé tous les immigrants d’origine japonaise, qu’ils soient citoyens naturalisés ou nés au Canada, à s’enregistrer auprès du registraire des sujets d’un pays ennemi.

Le 14 janvier 1942, le premier ministre Mackenzie King a désigné comme « zone protégée » une grande partie de la côte du Pacifique. Au départ, on a imposé un couvre-feu, et chaque personne d’origine japonaise devait demeurer à son domicile du coucher au lever du soleil. Si vous résidiez dans la zone protégée, vous ne pouviez posséder un véhicule à moteur, une caméra ou une radio.3

En quelques mois, le gouvernement a commencé à sortir de force les hommes nippons de la zone protégée.

[Traduction]

« Les Canadiens d’origine japonaise ont reçu l’ordre de n’emporter qu’une valise par personne et ont été menés dans des aires surveillées en attendant les trains qui les amèneraient dans les terres. Le parc Hastings de Vancouver était l’une de ces aires où des familles ont attendu, parfois durant des mois, avant d’être installées ailleurs. »

Plus de 20 000 Japonais ont été déplacés vers des endroits reculés de la Colombie-Britannique. La majorité d’entre eux étaient en fait des citoyens canadiens nés au pays. Un an plus tard, gouvernement fédéral a liquidé tous les biens qu’il leur avait saisis.

[Traduction]

« Même à la fin de la guerre, Mackenzie King a continué à se plier aux demandes les plus véhémentes des politiciens. Il a donné aux Japonais deux choix : retourner au Japon ou se disperser à ‘l’est des Rocheuses’. »

De nombreux hommes ont été arrachés à leur famille et on les a envoyés travailler sur des chantiers routiers en Ontario et près de la frontière entre l’Alberta et la Colombie-Britannique. Pendant ce temps, leur femme et leurs enfants ont été envoyés dans des camps. Les familles qui ne voulaient pas être séparées se sont déplacées vers l’est, en Alberta et au Manitoba, où ils ont dû bien souvent faire un travail éreintant dans les fermes de betteraves à sucre.

Dans son livre intitulé Japanese Canadian Journey: the Nakagama Story, Rochelle Sato-Yamagishi raconte l’expérience vécue par sa famille. Après avoir été expulsé de Steveston, en Colombie-Britannique, son père s’est établi à Lethbridge, en Alberta, où il a ouvert le premier magasin d’aliments japonais.4

[Traduction]

« Comme toutes les personnes évacuées vers l’Alberta, mes parents ont connu de grandes épreuves mais, grâce à cette force caractéristique des Canadiens d’origine japonaise, ils ont su – contre toute attente –  triompher de l’adversité. Ils ont concentré leurs efforts sur leur survie quotidienne, ont conservé l’espoir d’une vie meilleure et semblaient ne jamais permettre qu’on leur vole leur rêve.5 »

« Ce qui m’impressionne le plus, c’est que, malgré les pertes importantes subies à Steveston, l’amertume ne les a jamais gagnés alors qu’ils s’installaient dans un nouveau foyer dans le sud de l’Alberta.6 »


[1] HICKMAN, P. et FUKAWA, M. Righting Canada’s Wrongs: Japanese Canadian Internment in the Second World War, Toronto, James Lorimer & Company Ltd., 2011.

[2] Idem

[3] Idem

[4] YAMAGISHI, N. R. Japanese Canadian Journey: The Nakagama Story,Victoria, Trafford, 2010.

[5] Idem

[6] Idem