21 mars : Journée int. pour l’élimination de la discrimination raciale

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Par Céline Ahodékon

Lorsqu’on m’a demandé d’écrire un texte à propos du 21 mars, la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, aucune idée ne m’est venue à l’esprit, jusqu’à aujourd’hui.

Tout à coup, je me suis rappelé ce qui est arrivé à un ami il y a quelques années. La façon dont certaines personnes peuvent en juger d’autres ou leur refuser un service en raison d’une seule caractéristique m’étonne toujours. Savez-vous que des gens peuvent reconnaître votre origine raciale ou ethnique en entendant simplement votre nom ou votre voix?

L’histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie. Toutefois, pour protéger l’identité des personnes concernées, j’emploie des noms fictifs.

Il y a quelques années, un ami était à la recherche d’un appartement à louer pour les quatre membres de sa famille; appelons-le Latif. Comme vous avez pu le deviner, Latif est de minorité visible.

Par une belle et chaude journée d’été, une annonce dans le journal local retient son attention. Un édifice en particulier propose des appartements de toutes tailles. Le quartier est très bien, le loyer est abordable, et les aménagements sont parfaits!

Il compose immédiatement le numéro, se présente et demande s’il peut visiter un des appartements de trois chambres indiqués dans le journal.

Après un silence à l’autre bout de la ligne, l’interlocuteur bégaie et hésite avant de répondre.

« Je regrette, tous les appartements sont déjà loués; pas besoin de visiter », explique la personne ayant répondu au téléphone.

Latif est étonné et estomaqué par ce qu’il vient d’entendre. Peu après, il fait part de son étonnement à sa femme, Marie, native de la région et qui parle couramment la langue locale.

« À peine 13 h, et tous les appartements mentionnés dans le journal sont déjà loués? »

Marie est perplexe et méfiante. Elle se demande si le concierge a dit la vérité ou si son mari a été victime de discrimination. Quelques minutes plus tard, elle téléphone au même endroit à partir de son téléphone cellulaire.

Marie se présente sous son nom de fille, qui est un nom commun dans la région. Elle demande s’il reste des appartements à louer.

Il y en avait plusieurs!

Promptement, on l’invite à venir les visiter.

Marie décide d’aller les visiter en compagnie de Latif, son mari de minorité visible, et de confronter le concierge. Se confondant en excuses (et suant abondamment!), il s’est toutefois abstenu d’expliquer son attitude envers Latif. Tout compte fait, il a au moins reçu une bonne leçon.

Parce que la discrimination est subjective et peut être très subtile, nous ne saurons jamais pourquoi le propriétaire de l’édifice ne voulait pas louer un appartement à Latif alors qu’il en a proposé un à Marie. Latif a-t-il été victime de discrimination ou était-ce une erreur? Le propriétaire des appartements aurait-il loué à Marie si elle s’était présentée sous le nom de Latif lorsqu’elle a téléphoné? Tant de questions sans réponses!

L’incident pourrait être un cas isolé, mais des incidents du genre sont beaucoup trop fréquents. Nous avons tous une responsabilité et un rôle importants à jouer dans la création de collectivités et de milieux de travail exempts de racisme.

Confrères et consœurs, les 21 mars est la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. Faisons tous comme Marie dans l’histoire : condamnons toutes les formes de discrimination raciale et agissons!

Ne soyons pas des spectateurs silencieux. Notre silence peut être blessant.

Levons-nous et prenons la parole au nom de ceux qui ne peuvent se défendre.

Céline Ahodékon est la représentante nationale de l’équité pour les membres de groupes raciaux visibles pour le Syndicat national des employées et employés nationaux. Elle est également déléguée syndicale de la section locale 20278, dont les membres sont les employés du Lieu historique national du Fort-Langley et le bureau de parcs à Vancouver, en Colombie-Britannique.