Mettons fin à l’itinérance

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Le 20 février est la Journée mondiale de la justice sociale. Nous nous sommes dit qu’il serait intéressant de parler d’un des problèmes de justice sociale auxquels sont confrontées de nombreuses nations : le problème de l’itinérance. Au Canada, 30 000 personnes sont sans abri chaque soir; de ce nombre, plus de 2 800 ne trouvent aucun refuge, dorment dans des voitures, dans les parcs ou sur la rue.

Les personnes les plus à risque de devenir sans abri sont les jeunes, les Autochtones et les personnes victimes de violence familiale.

Au cours de la Conférence nationale de l’année dernière pour mettre fin à l’itinérance, la ministre d’État Candice Bergen a dit que le gouvernement Harper « est déterminé à travailler en étroite collaboration avec ses partenaires sur cet enjeu complexe ».

Par ailleurs, c’est de cette façon que l’itinérance est habituellement présentée : un enjeu complexe pour lequel il n’existe pas de solution facile, ni de plan en 10 étapes. Et si c’était aussi simple que de donner des appartements aux sans-abri?

Eh bien, c’est exactement ce qu’un des États les plus conservateurs a fait – et il est en voie de mettre fin à l’itinérance d’ici 2015. En seulement huit ans, l’État de l’Utah a réussi à réduire l’itinérance de 78 %. C’est tout un exploit.

Le programme a commencé en 2005, seulement quelques années avant la pire récession depuis la Crise de 1929. Et pourtant, le programme n’a pas été mis au rancart au nom de l’austérité. En fait, malgré les défis supplémentaires causés par le ralentissement économique, il a entraîné d’excellents résultats.

Vous êtes toujours là? Vous devez probablement vous demander comment on procède.

« Le modèle offre aux citoyens sans abri la liberté d’utiliser le système. On leur donne accès à leurs propres appartements, tandis que l’État offre une formation professionnelle et des services sociaux, y compris des programmes contre la toxicomanie, pour aider les résidents à avoir un emploi et une vie sociale stables. »

Pour héberger les sans-abri, l’État a d’abord créé « 579 [unités] à partir des appartements à louer existants, 952 de structures remises à neuf, et 683 de nouvelles constructions ». Si le résident peut trouver un emploi stable, 30 % de son revenu retourne dans les coffres de l’État sous forme de loyer. S’il ne trouve pas d’emploi, « il peut quand même garder son appartement ».

« Cette façon de faire est effectivement rentable », a expliqué Ana Kasparian, coanimatrice de The Young Turks. « Le coût annuel des visites à l’urgence et des séjours en prison pour chaque personne sans abri est de 16 670 $. On a découvert que si on leur fournissait un logement, cela coûtait réellement moins cher; le coût annuel pour fournir un appartement et un travailleur social pour chaque personne sans abri est de 11 000 $. »

Si vous croyez que c’est rentable uniquement parce que les frais de santé aux États-Unis sont élevés, détrompez‑vous.

« Dans le document Blueprint to End Homelessness (2007), du Wellesley Institute, M. Shapcott fait valoir que le coût mensuel moyen pour héberger un sans-abri est de 1 932 $ dans un refuge, 4 333 $ dans une prison provinciale, ou 10 900 $ dans un hôpital, alors qu’il en coûte en moyenne à la ville de Toronto 701 $ en suppléments au loyer et 199,92 $ en logement social. »

On dirait bien que l’itinérance n’est pas un enjeu aussi complexe que ce que les politiciens se plaisent à dire. Non seulement investir dans la prévention de l’itinérance et dans le logement coûterait moins cher aux contribuables, mais ce serait la bonne chose à faire, tant sur le plan moral qu’éthique.