11 jours de célébrations

La période du 21 juin au 1er juillet, communément appelée « les 11 jours du Canada en fête », comprend la Journée nationale des Autochtones, la Saint-Jean-Baptiste, la Journée canadienne du multiculturalisme et la fête du Canada. C’est une occasion de célébrer toutes les facettes de notre patrimoine — de réfléchir à toutes les personnes qui ont contribué à bâtir notre merveilleux pays.

C’est peut-être aussi l’occasion idéale pour parler de l’importance du patrimoine — l’importance de le préserver pour les générations à venir.

Les institutions responsables de conserver et de protéger notre patrimoine ont fait l’objet de compressions draconiennes; nous pensons notamment à Bibliothèque et Archives Canada, à de nombreux musées nationaux, à Patrimoine canadien, à Parcs Canada et à la Commission de la capitale nationale.

À Bibliothèque et Archives Canada, comme dans bon nombre d’autres ministères et organismes que nous représentons, l’effectif a été réduit de 20 %.

« Les personnes qui ont perdu leur emploi sont celles qui aident les visiteurs, les enseignants, les chercheurs et les étudiants », explique le président national, Doug Marshall. « On prive les Canadiens de précieux services, et les générations futures se font déposséder de leur patrimoine. »

En ce qui a trait à l’acquisition de pièces importantes de notre histoire, le ministère n’en a fait aucune depuis qu’un moratoire de dix mois concernant les achats a été décrété en 2009. Dix mois… quatre ans… c’est la même chose?

Pendant ce temps, le directeur de Bibliothèque et Archives Canada a récemment démissionné quand il a été révélé qu’il avait dépensé 170 000 $ pour des voyages; c’est deux fois plus que le budget du ministre. En plus, parmi les dépenses, il y avait 5 000 $ pour des cours d’espagnol…  ¡Olé!

L’annulation du programme national de développement des archives est une autre des compressions déplorables. Il s’agissait d’un petit programme qui ne coûtait que 1,7 million de dollars par année. Ce montant d’argent ridiculement petit (par rapport au budget fédéral!) contribuait à soutenir plus de 800 archives depuis les 26 dernières années.

Fait intéressant, l’argent dépensé pour faire la promotion de la guerre de 1812 aurait pu maintenir en vie le programme national de développement des archives pendant 16 ans.

Le programme fournissait des services éducatifs et consultatifs aux archivistes qui, autrement, n’auraient jamais pu se permettre de tels services. Ils pouvaient ainsi préserver les documents, les photos, les plans et les dossiers électroniques uniques et irremplaçables dont ils étaient responsables.

N’oublions pas que de nombreuses archives sont gérées par des bénévoles.

Parlant de compressions qui n’ont aucun sens… Vous vous rappelez que Bibliothèque et Archives Canada a vanté les mérites de la numérisation en disant que c’était la solution miracle pour faciliter l’accès aux documents concernant notre passé, et pourtant l’organisme a réduit de moitié le personnel responsable de la numérisation des archives.

Selon l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université, en septembre 2012, seulement 0,5 % des ressources documentaires de BAC avaient été numérisées. L’association estime que « au rythme actuel des dépenses pour la numérisation (environ 5 millions de dollars par année), il faudrait à BAC de 300 à 700 ans pour numériser ses ressources documentaires publiées. »

Le plus ironique dans tout ça, c’est que le gouvernement, qui veut rendre l’histoire plus accessible, vient tout juste de mettre fin au programme de prêts entre bibliothèques. Ce service permettait aux Canadiens d’emprunter des documents uniquement offerts par BAC par le truchement de leur bibliothèque locale. Selon l’ACPPU :

Au cours de l’exercice financier 2012-2013, BAC a traité 21 294 demandes de prêts et de copies de sa collection et a aidé à trouver des documents dans d’autres établissements en répondant à 11 658 autres demandes. L’élimination du programme de prêts entre bibliothèques mine sérieusement la capacité des Canadiens d’accéder à notre histoire collective.

Oh, mais ce n’est pas grave, parce que…Euh… Les Canadiens ont accès à un très très grand nombre de documents de BAC en ligne.

Sans blague.