Compressions budgétaires au Musée des civilisations

Plus tôt cette semaine, on a annoncé de nouvelles compressions budgétaires. Le Musée canadien des civilisations a annoncé qu’il éliminait 23 postes; 17 membres sont touchés (14 ont été mis à pied).

Selon les responsables du Musée, les mises à pied sont le résultat d’un « important » déficit budgétaire.

Cela dit, s’il faut en croire son rapport annuel 2012, le Musée se porte bien. Il a atteint ses objectifs en matière de fréquentation : 1,2 million de personnes ont visité le Musée l’année dernière. Les profits générés par les frais d’entrée au Musée canadien des civilisations et au Musée canadien de la guerre n’étaient que de 2,6 % inférieurs à l’objectif visé par l’organisation.

En fait, selon les états financiers, « les recettes d’exploitation globales sont légèrement supérieures à celles de l’exercice précédent, s’élevant à 10,8 millions de dollars. » Toutefois, le Musée est aux prises avec le déficit de l’année dernière, qui est de 658 000 $.

Le Musée affirme ne pas avoir l’argent nécessaire pour maintenir ses employés en poste. Cependant, il va bientôt toucher le pactole, grâce au gouvernement Harper, qui, par ailleurs, il faut bien le redire, aime bien renommer les choses.

Le projet de loi C‑49, Loi modifiant la Loi sur les musées afin de constituer le Musée canadien de l’histoire… qui est en fait la Loi visant à détruire le Musée canadien des civilisations, fera prochainement l’objet d’une deuxième lecture à la Chambre des communes. Le projet de loi vise à éliminer le Musée canadien des civilisations afin de créer le Musée canadien de l’histoire.

On ne parle pas uniquement d’un papier à en-tête tout nouveau, tout beau et d’une nouvelle plaque à l’extérieur de l’édifice; le champ d’activités du musée sera beaucoup moins large, et son mandat changera de façon radicale. Ah oui… et aussi, les contribuables devront débourser 25 M$ (c’est ce que dit le gouvernement Harper, mais la transformation coûtera vraisemblablement plus cher!).

Dans un éditorial publié à la fin de 2012, le directeur exécutif de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université, James L. Turk, a écrit que la transformation privera les Canadiens du musée le plus populaire du pays.
M. Turk s’inquiète également du fait que la transformation est largement motivée par l’idéologie.

« Depuis la première annonce du gouvernement fédéral concernant le nouveau Musée canadien de l’histoire proposé, certains ont dit craindre que les horizons du nouveau musée soient limités et qu’il ne serve qu’à véhiculer une version de notre histoire teintée de l’idéologie du gouvernement Harper. »

M. Turk affirme que la transformation s’inscrit dans les politiques sur le patrimoine motivées par des raisons politiques. Nous avons par exemple été témoins de la véritable farce qu’a été la commémoration de la guerre de 1812 qui a coûté 28 M$.

Thomas Peace, boursier postdoctoral en étude des Autochtones d’Amérique au Dartmouth College qui travaille pour le CRSH, a récemment souligné que les historiens ne critiquaient pas la commémoration de la guerre de 1812 – mais plutôt l’ironie extrême de toute l’affaire.

« Les historiens sont fâchés parce que le gouvernement paye pour ces projets de commémoration tout en fermant des établissements de recherche qui nous permettent de faire notre travail et en réduisant au silence certains des plus brillants esprits de notre pays qui travaillent au sein de ces établissements. »