Souvenons-nous des victimes de l’Holocauste

[Traduction] J’ai appris que l’Holocauste était un événement unique et uniquement juif, mais avec des implications universelles. Les victimes n’étaient pas toutes juives, mais tous les juifs étaient victimes. J’ai appris le danger de l’indifférence, le crime d’indifférence. J’ai appris que le contraire de l’amour est non pas la haine, mais l’indifférence. Les juifs ont été tués par l’ennemi, mais trahis par leurs soi-disant alliés, qui ont trouvé des raisons politiques pour justifier leur indifférence ou leur passivité.1

–       Elie Wiesel, Américain issu d’une famille juive, né en Roumanie et survivant de l’Holocauste.

Le 27 janvier 1945, les troupes soviétiques libéraient les survivants du camp de concentration d’Auschwitz. Ils y ont trouvé un peu plus de 7 000 prisonniers, un petit nombre effarant par rapport au 1,1 million de prisonniers exterminés à Auschwitz, entre 1940 et 19452.

La majeure partie des victimes de l’Holocauste étaient des juifs, qui étaient la cible du génocide planifié par Hitler. Plus de six millions d’hommes, de femmes et d’enfants juifs ont perdu la vie pendant l’Holocauste. Nombreux sont ceux qui ont souffert et travaillé dur dans les camps de concentration s’étendant de l’Est de la France jusqu’au Bélarus, tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Après la guerre, plus de 40 000 survivants de l’Holocauste ont immigré au Canada3. De nombreux juifs se sont établis à Montréal, où leur langue française constituait un atout formidable. Même au Canada, la communauté juive a dû lutter contre la discrimination. En 1946, leurs membres ont même porté une affaire devant le tribunal contre la Ville de Québec, qui les empêchait d’ériger une synagogue4. À la fin des années 1940, la législation sur les droits de la personne a supprimé les actes discriminatoires fréquents5.

D’autres victimes ont également perdu la vie pendant l’Holocauste, dont des millions d’Ukrainiens et de Russes, notamment de nombreux prisonniers de guerre russes. Des millions de Polonais et de Yougoslaves ont aussi été massacrés, tout comme des milliers de Tsiganes, de personnes ayant une déficience mentale ou physique, d’hommes gais et de républicains espagnols. Des milliers de témoins de Jéhovah ont également été assassinés – et d’innombrables communistes, prisonniers politiques, résistants et syndicalistes ont perdu la vie6.

Malheureusement, le génocide ne fait pas encore partie de notre passé. De nombreux pays sont encore exposés à un risque de génocide et de politicide : la Syrie, le Pakistan, l’Éthiopie, la République démocratique du Congo et le Nigéria7.

Les signes d’un génocide imminent sont multiples, et le plus troublant est peut-être la tendance à créer des exogroupes, qui sont alors privés de leur humanité8. Durant l’Holocauste, les nazis considéraient les juifs comme une vermine parasite9. Au Rwanda, on a souvent comparé les Tutsis à des coquerelles10.

En cette journée, rendons hommage aux victimes de l’Holocauste. Souvenons-nous également de ne jamais être un spectateur passif; un nombre incalculable de personnes ont payé le prix ultime de l’indifférence des autres.


1. Allocution à la remise de la Médaille d’or du Congrès à Elie Wiesel et à la signature de la proclamation de la Semaine de l’héritage juif, le 19 avril 1985.

2. La libération d’Auschwitz, Musée Mémorial de l’Holocauste des États-Unis. [en anglais seulement].

3. L’Encyclopédie canadienne, « Juifs ».

4. The Canadian Jewish Chronicle – 25 septembre 1946.

5. L’encyclopédie canadienne, « Juifs ».

6. Overlooked Millions: Non-Jewish Victims of the Holocaust, Karen Silverstrim, Université de l’Arkansas [en anglais seulement].

7. Genocide Watch, 2012 Global Watch List [en anglais seulement].

8. Genocide Watch [en anglais seulement].

9. Les victimes du nazisme : idéologie raciale du régime nazi, Musée Mémorial de l’Holocauste des États-Unis. [en anglais seulement].

10. Peace Pledge Union [en anglais seulement].